30 juillet 2009

Les dépenses du bourreau


Un mémoire autographe sans date (seconde moitié du XVIIIème) énumère quelques unes des dépenses du bourreau de Paris. On notera l’attention qui est portée à des ustensiles aussi précieux que l’épée pour décapiter (le damas), la barre pour rompre mais aussi à des matériaux plus ordinaires, comme les cordes, qu’il faut changer régulièrement. Enfin, l’exécuteur loge les confrères de passage dans la capitale, venus l’assister.

"Mémoire de ce quy est dut a lexecuteur pour avoir my a execution l'arest de la cour qui condamne un particulier a estre pendue a Monmartre, préalablement appliqué à la question.

Savoir :
Pour s'estre transporté au dit Monmartre avec deux hommes et y avoir passé la journée entière 30 liv.
Pour la voiture et deux chevaux 15
Plus pour avoir présenté le dit particulier à la question 15
Plus pour l'avoir pendu. 30
Plus pour avoir porté au lieu de la sépulture le cadavre après l'exécution 30


Total 120 liv.

NOTES A JOINDRE AU TARIFFE DES EXECUTIONS.

Teste tranchée à 100 liv.
L'on cour risque de cassé le damas dont la lamme couste 500 liv. Si elle s'ébreche la réparation est de 24 liv. Et pour l'entretien et repassage 6 liv. par année. Ainsi cette somme est très modique, vues les raisons ci-dessus.
Brûlé à. 50 liv.
La depences en cordes, cros, perche, pelles et autres hustencille nécessaire, ce monte à 20 ou 25 l.
Les roués à 50 liv.
On cour risque de cassé la barre, ce quy est arrivé plusieurs fois. En ce cas, c'est 18 liv. de frais; en outre comme lon ce serre d'un moulinet, et que la corde passe a travers le plancher de l'echafaut cela les coupes. Et il en a été cassé pour 40 liv. dans une exécution à la place Saint Michelle.
Pendu à 25 liv.
Sy les cordes casse, chaque corde couste six livres. En outre elles ne peuve jamais servire que deux fois à l'exécuteur.
Pour ce qui est des autres justices il y a toujours quelque frais à faire qui val lun dans l'autre à 3 ou 6 liv.
En outre tous les jours employé aux grande justice, il en couste à l'exécuteur 10 ou 12 liv. de frais, pour la norriture, celle des domestiques et du cheval.
Il est obligé d'avoir toujours ce qui serve aux justices en provisions, pour n'aporté aucun retard à repondres aux ordres sans delay, ce qui tient des fond considérable sans aucun profit. En outre il est obligé d'ebergé ces confraire hors de leur séjour a Paris, sans quoy il ne les trouveret point dans les car d'heur pressants, ou il est obligé de repondre a plusieur jurridiction à la fois, et il na dautre ressource puisquil n'y a personne a employer pour cela, hors de cette vacation. Il y a mil autre petit détaille, au quels il faudret un volume pour en faire l'explication, mais la lumière des magistras doive les pénétrer sans paine.
"

Edmond Jean François Barbier, Chronique de la régence et du règne de Louis XV (1718-1763), Huitième et dernière série, Paris, Charpentier, 1857, pp. 418-419.

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